2015-10-31

Allons aux archives…

Même si on est loin d’épuiser la richesse des archives en ligne, il faut se rendre aux archives lorsque l'on a la possibilité de se déplacer.
Mon arbre marseillais, je vous l’ai présenté tel que je le connaissais au printemps 2015 (Where in Marseille). Ce mois-ci, ayant le projet de passer une semaine à Marseille, j’ai préparé à l’aide des données en ligne la liste des points à chercher. En quelques jours, mon arbre s’est agrandi de plusieurs branches. Cette forêt-là comportait 425 personnes en juin, 510 début octobre et 557 au retour des archives.
Voilà le travail :
  • Une découverte époustouflante sur les Deleurye que je raconterai plus tard. C’était une branche qui bloquait sérieusement. Je suis encore toute éberluée de ce que j’ai trouvé.
  • Un cousinage avec … Sacrés Ancêtres qui me plait beaucoup.
  • Des forêts d’arbres qui s’étendent dans les Bouches-du-Rhône autour de Marseille.


Mes recherches ont porté sur des contrats de mariage recueillis aux Archives Départementales_ AD13. 

Je vais maintenant prendre le temps de lire les documents des XVIII et XVIIe siècles que j’ai collectés.






Aux Archives Municipales de Marseille, il est facile de consulter l’état-civil du XXe. J'ai ainsi pu comprendre les relations dans la famille de mes arrières grands-parents en lisant des actes concernant des oncles dont la trace avait été effacée. J’ai  aussi retrouvé des cousins qui ont consolidé des réseaux de solidarité puisqu’ils se retrouvent émigrés à Marseille, témoins d’actes à la fin du XIXe.


Cette semaine là, pour un peu,  il ne me restait plus le temps d’aller sur le Vieux Port pour voir la mer.


2015-10-26

Jean Baptiste Rebufel et Jean Baptiste Marquet étaient amis, on peut le supposer

Saint-Tropez en 1815


La scène se passe dans le cimetière (ancien) derrière l’église, sur la place de l’ormeau.

Appolonie Marquet se trouve avec ses filles jumelles, Victoire et Marianne. Les fillettes, âgées de dix ans, pressent leur mère de questions sur ses ancêtres.

  •        C’est vrai que tes grand-pères avaient les mêmes prénoms ?
 Je n’ai pas connu Jean Baptiste Marquet qui est mort très longtemps avant ma naissance.
Les Marquet sont de Saint-Tropez où les parents de Jean Baptiste se sont mariés en 1676.

Mon grand-père maternel, on l’appelait Jean Rebufel, mais il portait les deux prénoms Jean Baptiste. Il venait de Séranon. 

 Dans les montagnes des Alpes-Maritimes, entre Grasse et Castellane, sur la route que notre empereur Napoléon a suivi au mois de mars de cette année.

La famille Rebuffel est une ancienne famille implantée à Séranon, depuis le Moyen-Age. Le vieux village était perché sur la crête au sommet du Baou Roux puis les habitants se sont installés dans la plaine où ils ont fondé des hameaux.
La famille David, habite Val de Roure « la vallée des chênes » depuis plusieurs siècles. Nos ancêtres étaient laboureurs, ils cultivaient le blé qui poussait bien sur les terrains de l’adret. L’hiver est rude dans la montagne qui se blanchit de neige. Mon aïeul Jean Baptiste a préféré tenter sa chance et s’installer à Saint-Tropez.

Jeanne Davite et Philippe Rebufel sont mes arrières-grand-parents, précise Appolonie.
En arrivant à Saint-Tropez, Rebuffel a perdu un f, Davide s’est transformée en Davite sur les registres d’état civil.
Jean Rebufel a épousé Thérèse Féraud (fille de Jacques Féraud dit La Liberté) en 1722. Regarde leur contrat de mariage. Personne ne savait écrire et l’erreur n’a pas été rectifiée.

La mère de Thérèse, Louise Meifrette, a donné en dot une partie de maison située au quartier de Cavaillon. Il y  avait encore une vigne que Jean a cultivée, elle est sise au quartier Saint-Joseph.


Mes deux grand-pères, Jean Baptiste Rebufel et Jean Baptiste Marquet étaient amis et voisins.




        
  •   Étaient-ils marins comme notre père et tous nos oncles ? 
 Mes ancêtres n’avaient pas une vie de marins comme ceux de ton père, ils étaient des hommes de la terre, travailleur, laboureur, voilà leur métier au début.
  • Comment sais-tu qu’ils étaient amis, nos deux Jean Baptiste ?
 En 1717, Marquet qui était veuf depuis dix ans, se remarie avec Marguerite Paule, de Vergons. Neuf mois et un jour après la noce, nait leur premier fils, Jean Baptiste. Marquet avait dit à Rebuffel qu’il souhaitait un garçon et que ce serait bien que celui-ci porte leur prénom. Rebuffel accepta d’être le parrain de ce bébé fragile.
« L’an mil sept cent dix sept et le dix du mois de novembre à deux heures après-midi, dans l’église parroissiale de Saint-Torpez, a été suplée les cérémonies du baptême par moi, prêtre soussigné, à Jean Baptiste Marquet, fils de Jean Baptiste travailleur, et de Marguerite Paule du lieu de Vergons, mariés, né le neuvième du courant à deux heures du matin, le parrain a été Jean Baptiste Rebufel de Séranon et la marraine Élisabeth Dalere qui n’ont sceu signer v  baptisé à la maison, à cause qu'il s'est trouvé en danger de mort, par Élisabeth sage-femme »
Saint-Tropez BMS, 1711-1727, registre 2 MI EC2924R1, p.120/290

Huit semaines plus tard, l’enfant mourait.
« L’an mil sept cent dix huit et le neuf du mois de janvier a été enterré dans le cimetière de cette paroisse Jean Baptiste Marquez fils de Jean Baptiste Marquez matelot et de Marguerite Paule baptisé dans cette église le dix du mois de novembre dernier, le père et les parents ont assisté à l’enterrement avec les prêtres de la paroisse… »
Saint-Tropez BMS, 1711-1727, registre 2 MI EC2924R1, p.122/290

 A cette époque là, mon grand-père Marquet était matelot depuis moins de deux mois. Il était content d’avoir obtenu ce travail. Il pensait que plutôt que de rester travailleur, ce qui est certes honorable, il aimait mieux partir en mer sur ces tartanes qui font rêver tout le monde à Saint-Tropez. Le salaire serait meilleur si le patron était prospère.

Deux ans après est née ma tante Marguerite Rose, puis Jean Joseph mon père. Il n’a guère eu le temps de connaitre sa maman qui est morte de maladie en 1723, alors qu’il avait un peu plus de 19 mois.
Jean Baptiste Marquet se trouva veuf pour la deuxième fois.

Mon père n’avait pas neuf ans lorsque son père est mort.

 Les deux amis, Jean Baptiste, ont dû se faire la promesse de marier leurs enfants, on pourrait le supposer. Qu'en pensez-vous ?

2015-10-08

Jacques Féraud dit la Liberté

Jacques Féraud était « travailleur de la terre ». Je ne sais presque rien de lui, seulement qu’il est mort le 29 avril 1708, à Saint-Tropez où il vivait avec Louise Meifrede. 
Mon sosa 286 me plait beaucoup à cause de son surnom : Jacques dit la Liberté, découvert dans cet acte.



Il a eu au moins quatre enfants : Jacques, né en 1697. Thérèse , née en 1701. Honoré, vivant en 1721. André, mort à l’âge de vingt mois, six mois après son père. Il semble que Jacques n’était pas vieux.


Libre, insoumis, travailleur, paysan, voici Jacques !

(en 100 mots)

2015-10-01

Faire briller les feuilles

Soignez un arbre, remontez une branche.
Prenez une feuille, ôtez la poussière, faites briller.

Regardez ce trésor sous toutes ses faces, variez les éclairages, 
laissez passer les saisons.

terra dei limoni


Des feuilles qui brillent, des ancêtres qui nous plaisent particulièrement, il s’en trouve dans toutes les forêts. Il suffit de s’intéresser à leur histoire.
Même le plus humble travailleur de la terre devient le héros d’un conte qui, sous la poussière, laisse deviner le vernis merveilleux de l’ancien temps.

Dans mes forêts, les arbres bruissent de toutes leurs feuilles. Certaines branches, (encore ne sont–elles apparues qu’au bout de plusieurs années de recherches), apparaissent vivement exposées à la lumière.
Le soleil, et même le roi-soleil, Louis XIV en personne, les frôle de ses rayons. Une branche fut à son service à Versailles et lors des batailles.
J’écrirai sur l’éventail des couleurs des familles qui montrent des profils variés lors de la Révolution française[1].

Beaucoup de feuilles plus humbles (du lat. humilis "bas près de la terre") révèlent leurs histoires lorsqu’on les sort de l’ombre. Même lorsque je ne sais que très peu de choses à leur sujet, il suffit que je me penche sur un acte, sur une date et un lieu, pour que n’importe laquelle de ces feuilles reprenne vie.

Il est important de se rapprocher de la région où notre arbre a poussé. Mes premiers repérages ont lieu sur un atlas ou sur les cartes Google Earth. Et aussitôt j'espère m'y rendre. Plusieurs voyages restent en projet ; mais sans attendre, je me promène, avec les ressources de mon imagination, dans l’espace et dans le temps de mes aïeux.

Même si c’est un pays pauvre sans attraits, une terre ingrate, que mes ancêtres ont quittée pour se nourrir mieux ailleurs, c’est un moment de grâce lorsque nous pouvons marcher sur leurs pas, voir les pierres de leurs demeures ou de celles que l’on suppose être des maisons voisines. L’histoire prend corps, nous pouvons entrer dans le paysage et respirer les parfums.

Le secret, c’est celui d’Aladin, frotter les feuilles pour le faire briller et parfois un génie nous apparaît. C’est la magie de la généalogie. On trouve des fruits dans nos arbres, des fruits merveilleux dont la saveur ne cesse de nous nourrir et de nous réjouir.


Vos feuilles brillent-elles ?


[1] voir les billets de mon ChallengeAZ en 2017 : Nos ancêtres pendant la révolution