2016-12-11

Les enfants d’Élisabeth et Charles en 1914/18

Nous avons assisté, dans l'article précédent, à la demande en mariage de Charles, suivie d'un bouquet de lilas blancs envoyé chez Élisabeth.
Occupée à numériser le fonds de correspondance, j’ai ouvert le paquet de lettres écrites par Élisabeth, Charles et leurs enfants.

Pendant les années 1914-1919 leurs enfants ont participé à la Première Guerre Mondiale.
J’ai accordé une attention particulière à certaines missives touchantes. Les informations qu’elles contiennent sont intéressantes pour comprendre comment nos familles ont survécu pendant cette période.

Élisabeth et Charles, mariés en 1891, ont cinq enfants entre 1892 et 1903.
En 1914, l’aîné, René, a 22 ans et le plus jeune, Louis, a 11 ans.

René part avec le 99e régiment d’infanterie dès la déclaration de guerre le 2 août 1914.
Le 3 octobre, il est fait prisonnier de guerre, à Fontaine-les-Cappy dans la Somme.
Il est transféré en Bavière, à l’ouest de Munich ; il reste en captivité à Lechfeld, jusqu’ au 23 décembre 1918.
René écrit des lettres qui échappent à la censure. Néanmoins il ne raconte pas exactement les conditions qui s’avèrent particulièrement rudes dans ce «camp de la terreur» où il y avait  peu de soins sanitaires, pas de chauffage, les hommes ne disposaient même pas tous d'un lit. Les prisonniers travaillent dur et surtout ils ont faim. «Il nous demande du pain», «Est-ce un signe de disette générale ou un régime plus sévère dans cette caserne ?» écrit son père, le 20/04/1915.
Il semble que son oncle André puisse lui envoyer des mandats. La famille prépare des colis.
Voilà ce que dit sa mère qui reste optimiste :

Dans la même lettre, (non datée mais écrite à la fin de 1915), Élisabeth donne des nouvelles des plus jeunes :
« Poucette grandit toujours et tricote pour les soldats »
Loulou est élève au lycée des Minimes « mais tous les professeurs partent prochainement paraît-il». On peut se demander ce que deviennent les lycéens dès lors.
Marcelle, l'ainée des filles, a 20 ans, elle est infirmière à la Croix-Rouge de Lyon, comme le sont la plupart de ses cousines proches et lointaines.
 «Marcelle continue à aller régulièrement à son ambulance »
Dans une lettre ultérieure, sa sœur écrit à son sujet :
«Elle est très inquiète d’Albéric (son fiancé) qui est à Verdun et qui n’a pas écrit depuis le 30 juin »
Ces fiancés vont se marier le 8 juin 1917, sans attendre la fin de la guerre.  
Lucien, le troisième de la fratrie «s’apprête à partir avec la classe 1916» annonce sa mère qui ne montre pas d’émotion lorsqu’elle donne des nouvelles de chacun de ses enfants. Elle ne laisse transparaître aucune inquiétude, aucune réticence à voir partir ses fils. Nous n’avons pas vécu cette époque dans laquelle les sentiments patriotiques étaient de rigueur.
D’après sa fiche matricule, Lucien est parti le 2 décembre 1915 avec le 30e bataillon de chasseurs à pied.
Le jeune homme est gravement blessé aux deux cuisses, le 18 juin 1918, à Dammard, dans l’Aisne, «en portant des ordres sous un violent bombardement.» Sa nomination pour la Croix de guerre avec étoile en argent, précise qu’il est «Excellent chasseur. Modèle de bonne humeur et de courage, toujours volontaire pour les missions périlleuses.»
Ses parents vont le voir à Montauban où il est soigné. Charles, son père, donne des nouvelles :
En convalescence, Lucien écrit à son oncle André, il le remercie pour sa lettre de félicitations à la suite de sa décoration. 
Quelle modestie ! Il ne se pose pas en héros, ce jeune homme faisant le bilan de cette guerre qui le rend handicapé et décoré d’une médaille. 

Tous sont revenus vivants de la Grande Guerre, mais que de douleurs !

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